Investissement

Réforme du DPE : 850 000 logements sortent des passoires énergétiques

  • juillet 2025
  • 16 heures
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Prévue pour entrer en vigueur dès le 1er janvier 2026, la réforme du DPE (Diagnostic de Performance Energétique) change la donne et les classements. En modifiant le mode de calcul sur l'électricité, le gouvernement s’apprête à sortir 850 000 passoires thermiques de leur statut. Un réajustement qui devrait aussi impacter des millions de propriétaires, bailleurs et acquéreurs, dont les logements gagneront en moyenne une note sur leur DPE. Des revalorisations inespérées, qui remettent aussi en cause les arbitrages entre rénovation obligée et confort thermique.

Une réforme du DPE très attendue, mais controversée.

Annoncée en juillet par le Premier ministre François Bayrou, la réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Elle concerne notamment un point clé de la méthode de calcul : le coefficient de conversion appliqué à l’électricité. Pour rappel, le DPE mesure la consommation théorique d’énergie d’un logement, en fonction de plusieurs critères : surface, isolation, système de chauffage et production d’eau chaude. Cette consommation est ensuite traduite en classes énergétiques allant de A (logement économe) à G (passoire thermique), un classement aujourd’hui déterminant pour vendre ou louer un bien.

Le mode de calcul actuel était décrié car il pénalisait fortement l’électricité. En effet, pour traduire l’énergie finale consommée (celle qui arrive dans le logement), le coefficient multiplicateur appliqué à l’électricité était fixé à 2,3 depuis 2020. Désormais, il sera abaissé à 1,9.

Une évolution technique qui a des conséquences très concrètes sur la note énergétique de millions de logements. Près d’un logement sur deux chauffé à l’électricité verra sa classe DPE s’améliorer. Ce sont ainsi près de 850 000 logements qui sortiront du statut de passoire thermique, sans aucuns travaux supplémentaires pour les propriétaires. Résultat : la réforme allègera immédiatement les contraintes pour les propriétaires bailleurs, à l’approche de l’interdiction progressive de louer les logements classés F et G. Elle devrait aussi permettre à certains propriétaires vendeurs de mieux négocier le prix de leur bien, car un logement classé D se vend en moyenne 15% de plus qu'un logement F ou G.

Les logements gagnants, les perdants… et les incertitudes.

À partir de janvier 2026, des milliers de logements classés F ou G seront reclassés E, simplement grâce à l’évolution du calcul. Plus largement, près de 7 millions de résidences principales devraient voir leur DPE grimper d'une note. Une véritable bouffée d'air frais pour les bailleurs de logements classés G, qui font face à l’interdiction de relouer depuis le 1er janvier 2025. Grâce à la réforme, 50 000 d’entre eux verront leur bien passer en classe F, ce qui leur accorde un sursis de deux ans avant une interdiction effective au 1er janvier 2028.

La réforme a aussi un revers, car en relevant artificiellement la note de certains logements, elle risque de freiner la dynamique de rénovation énergétique enclenchée depuis quelques années. Le nouveau calcul pourrait ainsi atténuer l’effet incitatif du DPE pour mobiliser les propriétaires autour des objectifs de transition climatiques. L’électricité est certes moins émettrice de CO? que les énergies fossiles, mais elle ne suffit pas non plus à gommer les défauts d’un logement mal isolé, aux performances thermiques médiocres. La rénovation du parc résidentiel est toujours une priorité et cette réforme ne supprime pas l'enjeu des millions de logements qui restent à améliorer.
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